Les soins de santé passés, actuels et futurs au Canada

Il y a cinquante-cinq ans, le chef du NPD de la Saskatchewan, Tommy Douglas, a introduit le premier régime universel d’assurance médicale à payeur unique régi par le gouvernement en Amérique du Nord. Il a été suivi par une initiative nationale une décennie plus tard. À l’époque, de nombreuses personnes craignaient ce changement majeur au système, notamment des médecins.

Quelques décennies plus tard, notre système de soins de santé constitue l’un de nos atouts les plus précieux. Cependant, le temps est venu de le moderniser. Lorsque le système actuel a été créé, notre population était plus jeune. Notre système de soins de santé a été conçu pour les soins aigus, c’est-à-dire le traitement de courte durée d’une maladie ou d’une blessure. De nos jours, nous faisons face à un engorgement des hôpitaux, à des périodes d’attente inacceptables, à des coûts insoutenables, à des taux dangereux de santé déclinante et d’épuisement de médecins ainsi qu’à des soins de santé insatisfaisants pour les Autochtones. Nos besoins en matière de soins de santé sont bien différents en 2018 et ils continueront de taxer le système si nous n’adaptons pas le système de soins à la réalité actuelle.

En tant que société, nous devons accorder une plus grande place à la vie saine, à l’alimentation et à l’exercice pour demeurer en santé au fur et à mesure que nous vieillissons. De plus, en tant que province, nous devons travailler plus fort pour trouver une solution aux facteurs économiques et environnementaux qui influent sur la santé des personnes. Des campagnes de sensibilisation comme Choisir avec soin  Canada – cette dernière comportant un volet néo-brunswickois – mènent la charge en incitant les patients à dialoguer afin d’aider à réduire les examens et les traitements médicaux inutiles. Le soutien de campagnes similaires peut aider à sensibiliser les gens, à promouvoir la vie saine et à réduire le fardeau imposé à notre système de soins de santé.

Dans mon travail quotidien en tant qu’urologue, je vois de nombreux aînés. On blâme souvent ces derniers pour la pénurie de lits dans les hôpitaux du Nouveau-Brunswick. Notre espérance de vie a augmenté, non seulement sur le plan du nombre d’années, mais sur le plan de notre capacité à mener une vie plus riche et plus entière. Cependant, cela signifie que les aînés vivent parfois plus longtemps avec une maladie ou une maladie chronique. Nous avons besoin de meilleurs soins de fin de vie et de prise en charge des maladies chroniques pour prendre soin de nos aînés et pour assurer la viabilité de notre système de soins de santé. Cela ne se produira pas et ne pourra tout simplement pas se produire dans un système créé pour des soins de courte durée.

La technologie, que la plupart d’entre nous utilisent, est un exemple de modernisation nécessaire des soins de santé. Le secteur des soins de santé a connu des avancées technologiques incroyables qui ont sauvé de nombreuses vies, à l’égard desquelles les médecins, les patients et les proches sont extrêmement reconnaissants. Les dossiers médicaux électroniques (DME) jouissent d’une popularité croissante et ils feront bientôt partie de la norme en matière de soins. Les DME représentent la voie de l’avenir des soins de santé – ils améliorent l’efficacité des consultations quotidiennes du médecin de famille, améliorent notre capacité à offrir des soins préventifs et sont un outil essentiel pour le recrutement de jeunes médecins.

De plus, nous devons lancer la discussion sur de nombreuses autres questions comme la nécessité d’une stratégie nationale sur les aînés, la couverture des médicaments de tous les Canadiens et de meilleurs soins pour les peuples autochtones. Le changement n’exige pas des décennies. Je choisis ces trois enjeux, car ils nécessitent tous le leadership fédéral et la collaboration provinciale.

Dans le passé, notre système a laissé tomber les Canadiens quand les questions de compétence par rapport aux questions politiques n’étant pas claires. Le Canada compte plusieurs bons exemples de travail orienté par une vision fédérale et appuyé par les provinces, comme Inforoute Santé Canada, un organisme fédéral qui a travaillé avec les provinces pour élaborer la technologie de santé. Même l’effort fédéral de l’année dernière pour légaliser l’aide médicale à mourir, un sujet rempli d’émotivité pour de nombreuses personnes, a révélé un certain de degré de collaboration fédérale et provinciale. Cela est réalisable.

Je ne sous-estime pas les défis qui accompagnent le changement de notre système de santé. Cependant, je ne sous-estime pas non plus la détermination de mes collègues de l’ensemble du pays et leur désir d’avoir un système de soins de santé plus solide. Il s’agit d’une discussion foncièrement politique, mais à l’instar de la mise en place du système que nous avons aujourd’hui, le changement majeur exige de la collaboration. Cette collaboration doit inclure tous les partenaires clés, soit le gouvernement, les professionnels de la santé, les administrateurs de la santé, les universités et le public.

Nous devons travailler collectivement à chérir notre système de santé et à le moderniser de sorte que nos générations futures en bénéficient. Cinquante-cinq ans après la création du système que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de l’Assurance-maladie, le temps est venu de faire preuve d’innovation encore une fois. Je suis le père de deux fillettes, et comme d’autres parents, j’espère que les membres de la prochaine génération pourront compter sur un solide système de soins de santé lorsqu’ils en auront besoin au cours de leur vie.

Dr Dharm Singh
Président, Société médicale du Nouveau-Brunswick