Les Néo-Brunswickois ne peuvent se permettre des compressions dans les soins de santé

Le gouvernement Higgs présentera son premier budget la semaine prochaine. Le premier ministre a clairement indiqué que l’équilibre financier de la province est l’une de ses principales priorités. Bien qu’il s’agisse certainement d’un objectif valable, le fait que le ministre des Finances Ernie Steeves ait déclaré que l’équilibre budgétaire nécessitera probablement des compressions dans les plus grands ministères de la province, dont celui de la santé, préoccupe les médecins du Nouveau-Brunswick.

Le Nouveau-Brunswick dépense déjà beaucoup moins pour la santé en pourcentage des dépenses globales que les autres provinces (Institut canadien d’information sur la santé, 2016). Et quels sont les résultats?

Voici les faits : 61 %des Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises sont aux prises avec au moins une maladie chronique (Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick, 2017), 70 % des adultes du Nouveau-Brunswick sont en surpoids ou obèses (Statistique Canada, 2017), et à 20,8 %, le Nouveau-Brunswick compte la plus forte proportion d’aînés au pays, beaucoup plus que la moyenne canadienne de 17,2 % (Statistique Canada, 2018).

Le défi est réel – la santé de notre population est dans un état précaire.

Le système de soins de santé du Nouveau-Brunswick présente de nombreuses lacunes et de nombreux défis systémiques qui nous empêchent d’améliorer la santé de notre population. Un sondage effectué au nom de la Société médicale du Nouveau-Brunswick (SMNB) l’an dernier a révélé que plus de 44 000 Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises n’ont pas de médecin de famille. Et bon nombre de ceux qui ont un médecin de famille doivent attendre longtemps avant de pouvoir le consulter. Nous manquons également de spécialistes, ce qui entraîne des retards supplémentaires pour les patients. Et comme nous le savons tous, l’attente est un thème familier dans les salles d’urgence de notre province.

De plus, bon nombre de nos hôpitaux sont surpeuplés de façon chronique, et nous avons été témoins de fermetures de services hospitaliers complets en raison de pénuries de personnel infirmier.

Il s’agit là de défis cruciaux en matière de prestation des soins de santé impossibles à relever au moyen de compressions budgétaires.

Les gouvernements précédents ont défendu les compressions dans les soins de santé en soutenant que les dépenses par habitant pour les soins de santé au Nouveau-Brunswick étaient « supérieures à la moyenne nationale ». Toutefois, cette façon de penser ne tient pas compte du fait que la population du Nouveau-Brunswick est plus âgée et vieillit plus rapidement que celle des autres provinces. Les personnes âgées ont besoin de beaucoup plus de soins de santé que les jeunes. En termes simples, les provinces comptant une population plus âgée doivent dépenser plus que les provinces comptant une population moins âgée pour obtenir le même résultat.

Nous ne dépensons pas moins parce que notre système est efficace, nous dépensons moins au détriment des malades et des plus vulnérables de notre province.

Le gouvernement Higgs s’est engagé à « rendre les soins de santé publics accessibles et fiables ».

Nous n’y parviendrons pas en réduisant les dépenses de santé. Au lieu d’essayer de réduire le budget de la santé, le gouvernement ferait bien d’examiner les résultats que nous obtenons avec l’argent déjà dépensé pour les soins de santé.

Obtenons-nous le rendement du capital investi dont nous avons besoin – des Néo-Brunswickois en meilleure santé – d’après les dépenses actuelles? Les tendances que les médecins constatent dans cette province semblent indiquer le contraire.

Le gouvernement doit examiner attentivement ce qui fonctionne dans notre système actuel et ce qui ne fonctionne pas – où nous réussissons et où nous échouons. Et comment pourrions-nous réaffecter les ressources existantes pour obtenir de meilleurs résultats?

Nous devons réaliser des économies et investir intelligemment pour que les générations futures soient en meilleure santé. Notre système de santé doit être plus proactif, dans le but de prévenir les maladies, au lieu d’y réagir comme nous le faisons depuis des générations.

Nous ne pouvons pas continuer à accepter l’état actuel de notre système de soins de santé ou son impact sur la santé des Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises.

Nous avons besoin d’un plus grand nombre de médecins et d’infirmières pour combler les pénuries actuelles, mais nous devons aussi envisager d’investir dans la technologie pour que les professionnels de la santé puissent soigner les patients à distance, garder plus de Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises à la maison et éliminer les frais de déplacement et les transferts ambulanciers.

En innovant, en collaborant, en éliminant les cloisonnements et en réalisant des économies, nous pouvons améliorer la santé de notre population.

Le Dr Serge Melanson est président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick et médecin urgentologue à Moncton.